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Plume d’ange (texte de Claude Nougaro)

15113822.jpgVous voyez cette plume?


Eh bien, c’est une plume… d’ange
Mais rassurez-vous, je ne vous demande pas de me croire, je ne vous le demande plus.
Pourtant, écoutez encore une fois, une dernière fois, mon histoire.
Une nuit, je faisais un rêve désopilant quand je fus réveillé par un frisson de l’air.
J’ouvre les yeux, que vois-je?
Dans l’obscurité de la chambre, des myriades d’étincelles…
Elles s’en allaient rejoindre, par tourbillonnements magnétiques, un point situé devant mon lit.
Rapidement, de l’accumulation de ces flocons aimantés, phosphorescents, un corps se constituait.
Quand les derniers flocons eurent terminé leur course, un ange était là, devant moi, un ange réglementaire avec les grands ailes de lait.
Comme une flèche d’un carquois, de son épaule il tire une plume, il me la tend et il me dit:
« C’est une plume d’ange. Je te la donne. Montre-la autour de toi.
Qu’un seul humain te croie et ce monde malheureux s’ouvrira au monde de la joie.
Qu’un seul humain te croie avec ta plume d’ange.
Adieu et souviens-toi: la foi est plus belle que Dieu. »
Et l’ange disparut laissant la plume entre mes doigts.
Dans le noir, je restai longtemps, illuminé, grelottant d’extase, lissant la plume, la respirant.
En ce temps-là, je vivais pour les seins somptueux d’une passion néfaste.
J’allume, je la réveille:
« Mon amour, mon amour, regarde cette plume… C’est une plume d’ange!
Oui! un ange était là… Il vient de me la donner…
Oh ma chérie, tu me sais incapable de mensonge, de plaisanterie scabreuse…
Mon amour, mon amour, il faut que tu me croies, et tu vas voir… le monde! »
La belle, le visage obscurci de cheveux, d’araignées de sommeil, me répondit:
« Fous-moi la paix… Je voudrais dormir… Et cesse de fumer ton satané Népal! »
Elle me tourne le dos et merde!
Au petit matin, parmi les nègres des poubelles et les premiers pigeons, je filai chez mon ami le plus sûr.
Je montrai ma plume à l’Afrique, aux poubelles, et bien sûr, aux pigeons qui me firent des roues, des roucoulements de considération admirative.
Je sonne.
Voici mon ami André.
Posément, avec précision, je vidais mon sac biblique, mon oreiller céleste:
« Tu m’entends bien, André, qu’on me prenne au sérieux et l’humanité tout entière s’arrache de son orbite de malédiction guerroyante et funeste.
A dégager! Finies la souffrance, la sottise. La joie, la lumière débarquent! »
André se massait pensivement la tempe, il me fit un sourire ému, m’entraîna dans la cuisine et devant un café, m’expliqua que moi, sensible, moi, enclin au mysticisme sauvage, moi devais reconsidérer cette apparition.
Le repos… L’air de la campagne… Avec les oiseaux précisément, les vrais!

Je me retrouve dans la rue grondante, tenaillant la plume dans ma poche.
Que dire? Que faire?
« Monsieur l’agent, regardez, c’est une plume d’ange. »
Il me croit!
Aussitôt les tonitruants troupeaux de bagnoles déjà hargneuses s’aplatissent.
Des hommes radieux en sortent, auréolés de leurs volants et s’embrassent en sanglotant.
Soyons sérieux!
Je marchais, je marchais, dévorant les visages. Celui-ci? La petite dame?
Et soudain l’idée m’envahit, évidente, éclatante… Abandonnons les hommes!
Adressons-nous aux enfants! Eux seuls savent que la foi est plus belle que Dieu.
Les enfants… Oui, mais lequel?
Je marchais toujours, je marchais encore.
Je ne regardais plus la gueule des passants hagards, mais, en moi, des guirlandes de visages d’enfants, mes chéris, mes féeriques, mes crédules me souriaient.
Je marchais, je volais… Le vent de mes pas feuilletait Paris…
Pages de pierres, de bitume, de pavés maintenant.
Ceux de la rue Saint-Vincent… Les escaliers de Montmartre.
Je monte, je descends et me fige devant une école, rue du Mont-Cenis.
Quelques femmes attendaient la sortie des gosses.
Faussement paternel, j’attends, moi aussi.
Les voilà.
Ils débouchent de la maternelle par fraîches bouffées, par bouillonnements bariolés.
Mon regard papillonne de frimousses en minois, quêtant une révélation.
Sur le seuil de l’école, une petite fille s’est arrêtée.
Dans la vive lumière d’avril, elle cligne ses petits yeux de jais, un peu bridés, un peu chinois et se les frotte vigoureusement.
Puis elle prend son cartable orange, tout rebondi de mathématiques modernes.
Alors j’ai suivi la boule brune et bouclée, gravissant derrière elle les escaliers de la Butte.
A quelque cent mètres elle pénétra dans un immeuble.
Longtemps, je suis resté là, me caressant les dents avec le bec de ma plume.

Le lendemain je revins à la sortie de l’école et le surlendemain et les jours qui suivirent.
Elle s’appelait Fanny. Mais je ne me décidais pas à l’aborder.
Et si je lui faisais peur avec ma bouche sèche, ma sueur sacrée, ma pâleur mortelle, vitale?
Alors, qu’est-ce que je fais? Je me tue? Je l’avale, ma plume?
Je la plante dans le cul somptueux de ma passion néfaste?
Et puis un jeudi, je me suis dit: je lui dis.
Les poumons du printemps exhalaient leur première haleine de peste paradisiaque.
J’ai précipité mon pas, j’ai tendu ma main vers la tête frisée…
Au moment où j’allais l’atteindre, sur ma propre épaule, une pesante main s’est abattue.
Je me retourne, ils étaient deux, ils empestaient le barreau: « Suivez-nous. »

Le commissariat.
Vous connaissez les commissariats?
Les flics qui tapent le carton dans de la gauloise, du sandwich…
Une couche de tabac, une couche de passage à tabac.
Le commissaire était bon enfant, il ne roulait pas les mécaniques, il roulait les r:
« Asseyez-vous. Il me semble déjà vous avoir vu quelque part, vous.
Alors comme ça, on suit les petites filles?
- Quitte à passer pour un détraqué, je vais vous expliquer, monsieur, la véritable raison qui m’a fait m’approcher de cette enfant.
Je sors ma plume et j’y vais de mon couplet nocturne et miraculeux.
- Fanny, j’en suis certain, m’aurait cru. Les assassins, les polices, notre séculaire tennis de coups durs, tout ça, c’était fini, envolé!
- Voyons l’objet, me dit le commissaire.
D’entre mes doigts tremblants il saisit la plume sainte et la fait techniquement rouler devant un sourcil bonhomme.
- C’est de l’oie, ça…, me dit-il, je m’y connais, je suis du Périgord.
- Monsieur, ce n’est pas de l’oie, c’est de l’ange, vous dis-je!
- Calmez-vous! Calmez-vous! Mais vous avouerez tout de même qu’une telle affirmation exige d’être appuyée par un minimum d’en quête, à défaut de preuve.
Vous allez patienter un instant. On va s’occuper de vous. Gentiment hein? gentiment. »

On s’est occupé de moi, gentiment.
Entre deux électrochocs, je me balade dans le parc de la clinique psychiatrique où l’on m’héberge depuis un mois.
Parmi les divers siphonnés qui s’ébattent ou s’abattent sur les aimables gazons, il est un être qui me fascine.
C’est un vieil homme, très beau, il se tient toujours immobile dans une allée du parc devant un cèdre du Liban.
Parfois, il étend lentement les bras et semble psalmodier un texte secret, sacré.
J’ai fini par m’approcher de lui, par lui adresser la parole.
Aujourd’hui, nous sommes amis. C’est un type surprenant, un savant, un poète.
Vous dire qu’il sait tout, a tout appris, senti, perçu, percé, c’est peu dire.
De sa barbe massive, un peu verte, aux poils épais et tordus le verbe sort, calme et fruité, abreuvant un récit où toutes les mystiques, les métaphysiques, les philosophies s’unissent, se rassemblent pour se ressembler dans le puits étoilé de sa mémoire.

Dans ce puits de jouvence intellectuelle, sot, je descends, seau débordant de l’eau fraîche et limpide de l’intelligence alliée à l’amour, je remonte.
Parfois il me contemple en souriant. Des plis de sa robe de bure, ils sort des noix, de grosses noix qu’il brise d’un seul coup dans sa paume, crac! pour me les offrir.

Un jour où il me parle d’ornithologie comparée entre Olivier Messiaen et Charlie Parker, je ne l’écoute plus.
Un grand silence se fait en moi.
Mais cet homme dont l’ange t’a parlé, cet homme introuvable qui peut croire à ta plume, eh bien, oui, c’est lui, il est là, devant toi!
Sans hésiter, je sors la plume.
Les yeux mordorés lancent une étincelle.
Il examine la plume avec une acuité qui me fait frémir de la tête aux pieds.
« Quel magnifique spécimen de plume d’ange, vous avez là, mon ami.
- Alors vous me croyez? vous le savez!
- Bien sûr, je vous crois. Le tuyau légèrement cannelé, la nacrure des barbes, on ne peut s’y méprendre.
Je puis même ajouter qu’il s’agit d’une penne d’Angélus Maliciosus.
- Mais alors! Puisqu’il est dit qu’un homme me croyant, le monde est sauvé…
- Je vous arrête, ami. Je ne suis pas un homme.
- Vous n’êtes pas un homme?
- Nullement, je suis un noyer.
- Vous êtes noyé?
- Non. Je suis un noyer. L’arbre. Je suis un arbre. »

Il y eut un frisson de l’air.
Se détachant de la cime du grand cèdre, un oiseau est venu se poser sur l’épaule du vieillard et je crus reconnaître, miniaturisé, l’ange malicieux qui m’avait visité.
Tous les trois, l’oiseau, le vieil homme et moi, nous avons ri, nous avons ri longtemps, longtemps…
Le fou rire, quoi!

citation

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Tout ce qui est dans la création existe en vous et tout ce qui existe en vous est dans la création.

Khalil Gibran

Citation

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Quand une femme a donné la clé de son coeur, il n’est pas rare qu’elle ne fasse

pas changer la serrure.

Charles-Augustin Sainte Beuve

Les hiboux

 Qui ne l’a pas appris en classe !

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Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux.

Leurs yeux d’or valent des bijoux
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !

Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?

En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?
Hou ! Hou !
Pas du tout, c’était chez les fous.

Robert Desnos

J’écris cette lettre…

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Je ne sais par quoi commencer, puisque rien n’est fini
J’écris cette lettre aux temps passés
Les jours heureux, les jours de pluie
Alors ma plume se déplace en dessinant mes souvenirs
Il y en a tant, je manque de place, j’écris cette lettre à mes sourires
Je me revois, jeune et naïve, au sommet de mon innocence
Beaucoup plus curieuse qu’attentive, à espérer de tous mes sens
À la recherche de mes passions
Des premières peines, des premières joies
À la rencontre des frissons, c’est une lettre à mes premières fois

J’ai emprunté tellement de routes
Celles qui ne mènent jamais nulle part
Celles qui ne font pas place aux doutes

J’écris cette lettre à mes départs
J’ai voyagé de toute mon âme, prenant des forces à chaque détour
Pour rentrer avec plus de flammes, j’écris cette lettre à mes retours

Et puisque rien ne vaut les gens,

 j’écris cette lettre à mes rencontres
On n’est pas riche que d’argent, j’ai des amis, je m’en rends compte
À tous ceux qui m’ont fait grandir, tous ces regards épanouissant
Ceux qui sont là, et puis les autres, j’écris cette lettre à mes absents


Comment décrire cette tendresse que je ressens au fond de moi?
Comment partager cette chaleur qui me provoque tant d’émoi?
Car bien qu’il y eut des épreuves, je déborde de reconnaissance
Même si parfois les soucis pleuvent, j’écris cette lettre à ma chance

Et si ma plume parlait d’avenir, car il n’est pas l’heure de se taire
Je n’ai pas fini d’en finir, pour moi, souvent, tout reste à faire
J’écris cette lettre à mon présent, j’ai les deux pieds sur mon chemin
Je regarde droit devant, j’écris cette lettre aux lendemains

Je sais comment finir cette lettre, puisqu’elle ne fait que débuter
Je vais trouver d’autres histoires, d’autres espoirs à raconter
J’écris cette lettre à la vie comme un remerciement
J’écris cette lettre à mes envies comme un commencement.

Lettre écrite pour Line Renaud par Fabien (Grand Corps Malade.)

Citation

 

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Il m’était plus facile de penser un monde sans créateur qu’un créateur chargé de toutes les contradictions du monde.


Simone de Beauvoir

La vie (texte de Charlie Chaplin)

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J’ai pardonné des erreurs presque impardonnables,
j’ai essayé de remplacer des personnes irremplaçables et oublier des personnes inoubliables.
J’ai agi par impulsion, j’ai été déçu par des gens que j’en croyais incapables,
mais j’ai déçu des gens aussi.
J’ai tenu quelqu’un dans mes bras pour le protéger
J’ai ri quand il ne fallait pas
Je me suis fait des amis éternels
J’ai aimé et l’ai été en retour, mais j’ai aussi été repoussé
J’ai été aimé et je n’ai pas su aimer
J’ai crié et sauté de tant de joies,
j’ai vécu d’amour et fait des promesses éternelles,
mais je me suis brisé le coeur, tant de fois !

J’ai pleuré en écoutant de la musique ou en regardant des photos
J’ai téléphoné juste pour entendre une voix,
je suis déjà tombé amoureux d’un sourire

J’ai déjà cru mourir par tant de nostalgie et…
…J’ai eu peur de perdre quelqu’un de très spécial (que j’ai fini par perdre)…
Mais j’ai survécu !

Et je vis encore ! Et la vie, je ne m’en passe pas …
Et toi non plus tu ne devrais pas t’en passer. Vis !!!

Ce qui est vraiment bon, c’est de se battre avec persuasion,
embrasser la vie et vivre avec passion, perdre avec classe et vaincre en osant,
parce que le monde appartient à celui qui ose

ET LA VIE C’EST BEAUCOUP TROP pour être insignifiante !

CHARLIE CHAPLIN

Citation

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Quand on s’efforce de devenir meilleur, tout s’améliore aussi autour de soi.

Paulo COELHO

Citation

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« Pour être heureux jusqu’à un certain point,
il faut que nous ayons souffert jusqu’au même point ».
Edgar allan Poe

Citation

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Créer, c’est aussi donner une forme à son destin.

Albert CAMUS


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